Suite à l’orientation de ma collègue kinésithérapeute, je reçois en consultation un homme de 45 ans pour des problèmes de voix.
Ce monsieur souffre d’une paralysie du diaphragme gauche post-opératoire, survenue après une intervention cardiaque. Cette problématique s’accompagne d’une paralysie de la corde vocale gauche. Depuis l’opération, la voix du patient a du mal à se former.
Le suivi pluridisciplinaire entre kinésithérapie et orthophonie a permis de retrouver les volumes respiratoires. Malgré cela, des tensions cervicales persistent et la voix reste inconstante.
Avant tout, comment fonctionne la voix? La voix est formée par la vibration des cordes vocales. Chacun a 2 cordes vocales, qui se situent dans les replis du larynx.
Pour fonctionner, la voix a besoin de la participation de trois ensembles distincts:
- Le diaphragme moteur,
- Les cordes vocales,
- Les résonateurs.
La voix se forme sur les temps de l’expiration. Le diaphragme propulse l’air vers les cordes vocales qui rentrent en vibrations. Le son formé passera par les résonateurs de la loge du cou et de la cavité buccale pour gagner en stabilité.
Le traitement de ce patient s’est donc déroulé en trois temps:
- Le diaphragme bloqué depuis l’opération a été libéré au niveau de ses zones d’attache pour améliorer sa mobilité.
Le diaphragme pour l’inspiration est assisté par les muscles scalènes au niveau des cervicales. S’il ne peut remplir son rôle, ce sont ces muscles qui vont venir prendre le relais et parfois créer des tensions cervicales comme chez ce patient. - Il a fallu par la suite relâcher les tensions de la base du crâne et la loge du cou. Cela a aidé à libérer les cordes vocales pour améliorer la qualité vibratoire et optimiser le rôle des résonateurs.
- Le reste de la colonne a ensuite a été travaillé pour harmoniser les mouvements respiratoires de l’axe rachidien.
Après le traitement, le patient se sent relâché et la voix semble mieux se former.
Suite à la séance, la voix reste plus fluide. Ma collègue kiné constate une amélioration au cours du travail cervical et l’orthophoniste trouve la voix plus stable.
Dans ce cas, le suivi ostéopathique a permis de libérer les tensions des zones concernées. Il a également aidé à mettre en lien le travail des différents intervenants.
A la suite d’une opération, le corps peut sur-réagir et créer un mécanisme de défense. Chez ce patient, l’opération a entraîné un dysfonctionnement du diaphragme et des fonctions associées: respiration et ventilation. Rappelons que la voix est une fonction respiratoire dont le diaphragme est moteur.
La voix dépend de plusieurs paramètres pour fonctionner que ce soit en terme de qualité ou de quantité. Hors pathologie, elle peut faire l’objet d’une prise en charge ostéopathique. A contrario, une modification brutale de la voix peut-être signe d’une problématique sous-jacente. N’hésitez pas dans ce cas à vous rapprocher d’un spécialiste.